Tourisme et responsabilité écologique

Les vacances sont un moment de détente, mais ça ne signifie pas qu’il soit indispensable de laisser son cerveau à la maison. L’exploitation de la nature dans le cadre du tourisme peut soulever certaines questions morales. Dans le cas de mes vacances, je pense que seul le safari à dos d’éléphant soit de nature à réellement susciter le débat. L’exploitation de ces pachydermes a conduit à quelques excès très regrettables (voir article http://www.ifaw.org/fr/node/19206 ou http://www.ifaw.org/fr/node/18641).

Protection des éléphants et relations Nord/Sud

Pour alimenter le débat, on peut par exemple consulter le document, l’humanité, l’éléphant et le paysan de François Constantin publié par le CERI (Centre d’études et de recherches internationales) sur le site http://www.ceri-sciencespo.com/. Attention au mal de crane, c’est un texte assez touffu, Sciences Po oblige, qui présente en 14 pages une vision des relations Nord/Sud au travers de la conservation de l’environnement et spécialement du cas des éléphants. Nombre d’ONG de protection de la nature y sont durement critiquées pour l’ampleur de leur lobbying dans un cadre que l’auteur ne juge pas démocratique. L’étude souligne que dans la réglementation internationale, si la chasse à l’éléphant est interdite pour les populations locales, la chasse « sportive » est au contraire autorisée. L’aspect financier y est analysé sous différents angles puisque c’est le nerf de la guerre, insistant en particulier sur la difficulté habituelle à faire en sorte que les revenus du tourisme bénéficient réellement aux populations locales.

Les menaces qui pèsent sur les éléphants

Chacun se fera donc son idée. A mon niveau, je dois reconnaître que je ne m’étais pas vraiment posé la question avant d’écrire ces lignes. Au vu de mon expérience auprès des éléphants, je n’ai pas mauvaise conscience, les animaux ne semblaient pas maltraités, ne travaillaient pas beaucoup, et c’était plutôt amusant. Il faut reconnaître cependant que l’expérience s’apparentait plus à un petit cirque pour touriste fortuné qu’à une immersion dans la vie sauvage. A un niveau plus global, les éléphants ne semblaient pas du tout menacés dans les réserves visitées (y compris aux alentours immédiats de la ville de Victoria Falls où j’ai vu un éléphant adulte en liberté), la question de leur exploitation paraît donc légitime. D’ailleurs, comme les éléphants se multiplient, les fauves ne se privent pas de « prélever » quelques éléphanteaux dans la natures. Ainsi en Afrique Australe, les lions tuent régulièrement des éléphants trop jeunes pour se défendre, émotion et hémoglobine garantis pour les touristes qui assistent à ces scènes lors de safaris nocturnes.

Un éléphant, c’est rentable?

Une rapide recherche pour internet démontre que la chasse sportive va valoriser un éléphant adulte entre 20000 et 30000 euros. Un petit calcul rapide montre qu’un éléphant utilisé comme monture de safari peut générer un chiffre d’affaire annuel théorique de 120000 euros (100 euros par personne pour une demi-journée X 2 touristes par éléphant X 2 demi journées X 300 jours par an). Si on ajoute à cela qu’un éléphant peut vivre au moins 50 ans, cela montre que l’éléphant de safari est beaucoup plus rentable que celui destiné à la chasse. Néanmoins les deux activités ne sont pas réellement en concurrence, puisque la chasse ciblera exclusivement des mâles adultes tandis le besoin pour la promenade portera sur des jeunes qui pourront être soumis au dressage.

Responsabilité écologique et responsabilité tout court

Les questions soulevées ici portent sur la question de la préservation de l’environnement en général et de la faune sauvage en particulier. Ces questions sont à la mode, mais les exigences d’un tourisme responsable englobent tous les sujets de société. Par exemple, comment gérer la mauvaise conscience à s’offrir un bon repas dans un pays où la famine menace (Zimbabwe 2002 dans mon cas)? Chacun se déterminera en fonction de sa propre sensibilité sur ce qu’il convient de faire ou ne pas faire.

Le prochain article est plus léger, on y découvre le côté zambien des chutes Victoria.

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